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La vie intérieure "la prière, à quoi ça
sert ?" QUAND les mots contemplation et prière nous
parviennent comme une interrogation, comme une
proposition qui nous est faite personnellement, des
questions surgissent en retour. La prière, à quoi ça
sert ? Rester un long moment dans sa chambre, dans
une église ; les yeux clos ou posés sur la Bible,
à l'écoute ; les mains jointes, immobiles ou
égrenant un chapelet, oui vraiment, à quoi cela peut-il
servir ? Alors qu'il y a tant à faire, que le monde
attend des forces généreuses et qu'il offre aujourd'hui
les moyens techniques de soulager des misères autrefois
trop lointaines, hors de nos possibilités.
intuile et gratuit, comme
l'amour Parce qu'elles semblent nous écarter de l'efficacité, entendue comme activité à résultat comptable immédait, prière et contemplation apparaissent comme un obstacle à l'action. Mais, à ce prisme de l'agir rentable, une mère n'est-elle pas aussi inutile, seulement assise sur le lit de son enfant malade, leurs mains ensemble, leurs regards mêlés et comme un sourire ou une inquiète consolation. Que dire de deux amoureux, blottis côte-à-côte, vivant dans le simple bonheur de leur présence. Deux scènes, figures de présence gratuite, où l'efficacité est un non-sens. C'est sur ce socle de la gratuité, dans la dynamique
qu'elle instaure, que le rapport entre action et
contemplation offre sa traduction la plus juste. S'il est
vrai que, dans la prière (ou mieux, dans la vie
intérieure), l'homme s'ouvre à une présence, regarde
Dieu, qui le regarde et lui a déjà ouvert son
cur, alors, à rebours de l'action vraie et
généreuse, pointe, non pas cette vie intérieure, mais
ce qui les empêche toutes deux d'éclore : le repli
sur soi. une vie qui ne vient pas de
moi Certains pensent que la vie intérieure est animée
par une même perspective de fermeture. La position du
corps en prière la symboliserait d'ailleurs, identique
à celle évoquée à l'instant. Mais c'est comme si la
personne, dans ce mouvement de repli, se rendait compte
que le nombril est la trace indélébile d'une vie qui ne
vient pas d'elle. Le nombril est l'aboutissement du
cordon ombilical, il est le rappel de l'origine de mon
existence : " j'ai une
mère ! " Les moments et les formes de prière que la tradition chrétienne propose sont comme des temps d'entraînement pour l'esprit, pour que l'attitude fondamentale de relation d'amour, d'ouverture et de liberté rejaillisse en tout temps et en tout lieu. Un entraînement à l'image de ces longueurs de piscine ou de ces footings, réguliers, où rien n'est à gagner, si ce n'est le développement du bien être du corps. écouter Dieu...
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